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Procope2009
4 octobre 2019

Rentrée automnale

 

Ce mercredi 2 octobre a vu notre rentrée littéraire : à six (sans Annick ni Marie retenues ailleurs), au café Beaubourg, autour de notre table ronde, avec notre serveur, notre groupie, le chat...Le décor était en place et l’ambiance aussi !

Il fut  d’abord question du film de Daisy et de ses voyages ; puis, de l’insécurité croissante au Burkina où la situation se dégrade comme au Mali. Nous pensons bien à toi, Nathalie, l’Ardéchoise, empêchée de te rendre là-bas. Les écoles, les maîtres et les écoliers, garçons et filles, y sont particulièrement visés.

 

Notre première discussion de lecture se fit au sujet de  La porte de Magda Szabo, que Daisy vient de lire. Il y a dix ans, tout au début de nos réunions, ce fut un de nos premiers « coups de cœur », comme disent les libraires.

Daisy ne croit pas au personnage d’Emerence, la femme de ménage : elle n’est pas crédible car elle lui semble une projection du personnage de la narratrice, un autre versant de sa personnalité, non réalisé, dont elle se déchargerait par un dédoublement. Il lui semble donc que la relation entre les deux femmes  sonne faux.

A nouveau, avec Christiane et Danièle en renfort occasionnel, je défends la crédibilité de ce personnage et le rapport de complémentarité des deux femmes entre lesquelles règne une affection filiale, ce qui permet à maintes reprises de surmonter les aspérités du caractère d’Emerence, et qui explique, les dispositions testamentaires plaçant la narratrice à rang égal avec le neveu de sang.

En rendant à Nathalie son livre lu pendant l’été, j’ai exprimé mon admiration pour cette écrivaine que les éditions suisses La Baconnière, nous permettent de découvrir : nous eûmes ensuite une deuxième discussion de lecture au sujet de la triestine, Anita Pittoni (1901- 1982) et sa Confession Téméraire dont Nathalie fit une présentation après en avoir fait une analyse sur son blog.

J’ai aimé cette écriture poétique, philosophique, l’analyse sans concession de sa vie psychique (où les rêves trouvent bien sûr leur place), cette vive intelligence en action, cette personnalité luttant contre la solitude existentielle... Pour rendre compte de sa singularité, je propose de lire le début d’un de ses textes, journal intime, ou nouvelle (n’ayant plus le livre entre les mains, je ne peux m’y référer). Je peux néanmoins citer la page que j’ai photographiée.

«Cette jeune fille (qu’elle fut) continue de vivre sa vie, une vie que je ne connais plus, sans doute, aussi bien que jadis. Mais ELLE vit, ELLE vit, et peu importe si moi je dois bientôt fermer les yeux pour toujours.

Mes yeux ne ressentent aucune fatigue, et ils se fermeront ainsi, sans la moindre lassitude, cette idée m’est très douce, d’une douceur si réconfortante, et qui me rend très heureuse.

Je suis une femme heureuse. Aujourd’hui j’ai l’impression de n’avoir jamais été jeune, d’être arrivée au monde à l’improviste, telle que je suis maintenant, avec cette jeune fille au fond de moi. » (fin du livre)

En deux lignes un climat particulier s’installe: nous sommes transportés dans un univers étrange, parce qu’inaccessible pour la plupart, et parfois, un univers où tout semble absurde, mais naturel… Et toujours cette mécanique implacable de l’observation et de l’analyse de soi.

 

 

Nathalie recommande cet éditeur suisse (Editions de la Baconnière) qui, outre ces Confessions téméraires, édite également un autre auteur méconnu,  Sergueï Dovlatov, écrivain soviétique, émigré aux Etats Unis, très tôt disparu (1941 –.1990) avec un beau roman, La Filiale.

 

Justement ! Simone a vu récemment L’homme rouge au théâtre. Déjà très enthousiaste sur le livre de Svetlana Aleksievitch, elle est convaincue par l’adaptation qu’elle a jugée excellente, tout aussi forte que le livre.

Le livre qu’elle a particulièrement aimé cet été, est de l’écrivain égyptien, Alaa Al- Aswany (auteur de L’Immeuble Yacoubian). Il s’agit de J’ai couru vers le Nil (Actes sud 2018). C’est la révolution égyptienne vue par une poignée de personnages, jeunes pour la plupart mais aux positions sociales différentes qui se retrouvent autour de la Place Tahir. Un roman interdit de publication en Égypte. Un auteur actuellement poursuivi pour outrages à l’autorité et qui revendique « le devoir de l’écrivain de défendre les valeurs humaines ».

Elle a également lu avec grand interêt le dernier livre de Jonathan Coe, Le cœur de l’Angleterre, qui met en scène la société anglaise contemporaine, fracturée par le Brexit. Son propos est de savoir comment on en est arrivé là.

Le Testament à l’anglaise, Bienvenue au club , le Cercle fermé  (dépeignant le Royaume Uni des années 70 et 90) ont achevé de l’imposer comme le grand spécialiste du portrait sociopolitique, un brin sardonique du Royaume Uni.

Ici, il montre le caractère absurde un peu grotesque de la politique.

 

Danièle a surtout parlé d’un roman italien, le premier de Sylvia Avallone (connue pour La vie parfaite).

D’acier met en scène deux sœurs adolescentes dans un milieu populaire, avec une vraie peinture sociale (comment ne pas penser à L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante ?). Mais c’est avec Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu (Prix Goncourt 2018) qu’elle a choisi le parallèle. Le cadre de Piombino en Toscane, petite ville industrielle, a toute son importance dans ce roman social autant que roman d’apprentissage.

 

Christiane a parlé de Marie-Claire de Marguerite Audoux, roman autobiographique présenté avant l’été. Roman attachant, d’une grande simplicité d’écriture, que l’on a parfois rapproché du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier pour les évocations poétiques de la Sologne et de l’enfance.

Puis elle a brièvement présenté le dernier travail de Jean Hatzfeld, Un papa de sang, où il donne la parole à la nouvelle génération après les massacres ethniques du Rwanda. Nous connaissons son talent de journaliste, sa passion pour l’Afrique, lui qui est né à Madagascar, son écoute extraordinaire des victimes et des bourreaux que nous avions découverts dans Où en est la nuit. Ce nouveau livre est de la même volée.

 

J’ai présenté ma rencontre avec Jean Rouaud (connu pour son prix Goncourt en 1990, Les Champs d’honneur) à l’occasion du Salon du livre à DOUARNENEZ cet été, La baie des plumes.

Deux de ses livres étaient sur la table, Kiosque, qui retrace son premier métier à Paris, vendeur de journaux, mais surtout son cheminement vers l’écriture et l’éclosion de sa vocation d’écrivain avec l’identification de son objet d’écriture à savoir,  ses blessures d’orphelin et son milieu familial...Et puis La splendeur escamotée de frère Cheval, ou le secret des grottes ornées, qui a trait à l’homme préhistorique (du néolithique supérieur), à la caractérisation de son mode de pensée, sa cosmogonie…La Préhistoire est un objet d’études important, qui lui a inspiré déjà plusieurs livres.

 

Nous pensons nous revoir après les vacances, le 13 novembre (je vais faire un tour de table pour le 20) avec le dernier roman de Modiano, Encre sympathique, qui me permettra de partager l’encrier et de prêter ma plume « non pour l’amour de Dieu », mais des livres. Nous présenterons à tour de rôle les livres que nous aurons aimés.

Mais auparavant, retrouvons-nous pour voir l’expo Bacon à Beaubourg pour celles que cela intéresse ? Qu’en pensez-vous ?

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