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Procope2009
23 juin 2023

Clôturer l'année en beauté!

 

 

En ce 21 juin, fête de la musique, temps chaud et lourd près de notre bassin attitré aux Tuileries. Nous étions six, sans Annick ni Marie, parties en vacances. Dans une ambiance sympathique, et conviviale, confortée par la présence d’autres cercles amicaux près de nous, nous avons échangé sur nos lectures et nos activités : succès de Christiane, dont le travail et le talent viennent d’être récompensés par une mention très bien à un examen de chant lyrique ; progression dans la dernière ligne droite du film de Daisy ; et publication du livre d’Hélène, La Cour aux Esprits (réflexion sociologique sur des éléments biographiques).

« En levant le coude » (chacune ayant apporté son verre, selon la coutume) nous gardions néanmoins, « sous l’autre coude », Anna Karénine de Tolstoï, et autres découvertes de lecture.

J’ai défendu Anna, le personnage de Tolstoï, contre Daisy qui le trouvait considérablement vieilli, ne retenant du roman que la peinture sociale, d’une société et d’un régime en fin de course, ainsi que la caractérisation des deux sociétés, la moscovite et la saint pétersbourgeoise.

Christiane a ajouté que Tolstoï avait souffert en écrivant ce roman, paru en feuilleton dans Le Messager Russe en 1877, écrit en un an, et qui connut dès sa parution un grand succès. Comme pour Emma Bovary de Flaubert, l’idée du roman est née d’un fait divers. En 1872, L. Tolstoï apprend que la maîtresse d’un de ses voisins s’est jetée sous les roues d’un train ; il aura l’occasion de voir le corps de cette femme et se lancera dans l’écriture de l’ébauche d’Anna Karénine.

Il s’inspire aussi de son propre mariage avec Sofia Andreïevna Bers, épousée en 1862. Mariage d’amour, mais qui va générer une réflexion, des interrogations sur le couple. D’autres interrogations, d’ordre existentiel apparaissent dans ce roman où transparaît le pessimisme de son auteur.

Anna Karénine, aux côtés de La Guerre et la Paix, est un des grands romans du XIXème siècle, reconnu par Nabokov (Littérature) et bien d’autres critiques. Pour moi, Anna est un personnage romanesque tout à fait crédible, humain, qui continue à toucher, voire à charmer le lecteur, tant l’auteur a su lui donner une personnalité attachante.

Sa beauté singulière est soulignée à diverses reprises, dès son entrée dans le roman, mais aussi par les portraits qui sont faits d’elle en Italie (par un peintre connu et par Vronsky), maintes fois comparés par le visiteur de passage, à l’original, toujours supérieur. L’élégance et la simplicité de sa mise, son goût très sûr, contribuent à cette présence inégalable en société.

Sa puissance de séduction doit beaucoup à sa personnalité, sa culture, son art de la conversation et de la persuasion, reposant non seulement sur les bonnes manières mais surtout sur une réelle empathie. Ce qui frappe chez Anna Karénine, c’est sa grande honnêteté morale : elle va jusqu’au bout de ses choix. Pour l’amour de Vronsky, elle renonce à sa position dans la société, et donc aux pratiques culturelles qui jusqu’alors régulaient sa vie ; elle renonce, non sans douleur, sans remords lancinants, à son fils Sergueï. On ne peut qu’être frappé par la différence des situations entre le frère (Oblonski, dit Stiva , qui multiplie les maîtresses, mène une vie dissolue, mais garde son foyer, sa femme et ses enfants ) et la sœur, Anna qui, en quittant son mari, perd sa position sociale et est mise au ban de la « bonne » société.

Cette honnêteté morale, cet amour absolu qu’elle porte à Vronsky, lui font ignorer tout compromis avec elle-même, mais la font souffrir de la distance qui s’installe peu à peu dans le couple, au retour d’Italie, dans la vie quotidienne à deux, à la campagne : Vronsky ne sait pas aimer au même diapason. Ce n’est certes pas l’idéal du couple rêvé par Tolstoï, qui lui oppose l’autre couple formé par Kitty et Liévine, amour fusionnel, qui devient un amour conjugal fondé sur la famille.

Et l’on n’aura pas tout dit sur le personnage d’Anna Karénine quand on soulignera encore sa grande intelligence. C’est aussi une femme qui réfléchit et qui pense ! Elle se tient au courant de toutes les questions importantes de la société russe (affranchissement, réformes agraires…), dont elle parle avec Vronsky et avec Liévine lorsque celui-ci lui rend visite.

Elle peut aussi parler d’art et de philosophie. Et comme Liévine, elle a commencé l’écriture d’un livre : c’est un point qui est à peine effleuré par Tolstoï (lors des visites rendues à Anna à la campagne), mais il semble qu’Anna ait la hauteur de réflexion et l’observation et l’étude nécessaires pour de tels travaux intellectuels.

Que Tolstoï ait souffert pour écrire ce livre, certes ! Que le prototype de l’épouse infidèle lui répugne (n’oublions pas non plus la misogynie dont il fait preuve dans la Sonate à Kreutzer), soit !

Mais il est réellement subjugué (pour ne pas dire « amoureux ») par son personnage qu’il pare de toutes les séductions.

 

Nathalie a parlé de ses découvertes de lecture :

-        Délai de Grâce d’Adelheid Duvanel. De courts récits (une page, une à deux pages) pour mettre en scène des personnages « différents », mais bouleversants. Nathalie a été séduite par cet univers et par cette écriture.

-        Elle a aimé également le recueil poétique de Jacques Ancet, Un léger Désespoir.

Christiane a beaucoup aimé L’Île des Âmes de Piergiorgo Pulixi, qu’elle qualifie de « polar sarde. J’ai commencé à le lire, c’est passionnant en effet. Ce livre a d’autres prétentions que de dérouler une intrigue policière ; l’auteur veut nous plonger dans la culture, la philologie de la langue sarde, en remontant vers des temps immémoriaux où l’île pratiquait le culte de Dionysos et les sacrifices humains.

Elle a aimé American Dirt, roman de Jeanine Cummins.

 

Danièle a parlé de Marie Hélène Laffont et de ses derniers livres qu’elle aime beaucoup, Les Sources, Histoire du fils.

Daisy nous rappelle combien elle a aimé Voyage au pays des Ze-ka de Julius Margolin, qu’elle nous recommande.

Jamais frères ? Ukraine et Russie, une tragédie post soviétique, livre d’Anna Colin Lebedev.

 

Cet été, nous avons envie de relire Stendhal. J’ai parlé de Lamiel, Daisy de la Chartreuse de Parme  et de son Journal…Mais allez vers ce qui vous plaît !

Un bel été à toutes !

 

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