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Procope2009
27 novembre 2015

Tous au café! 18 novembre

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Au premier étage du Beaubourg, seuls les habitués, dont nous sommes, étaient installés ce mercredi 18 novembre, anxieusement scrutés par des inconnus à la recherche de leurs amis, déserteurs (désormais?) de cette "happy hour »...

 

Nous étions réunies, sans Nathalie (de C), avec l'autre Nathalie, revenue à tire d'aile du Burkina. 

 

Au programme, Boussole de Mathias Enard.

 

Nous avons sorti, posé devant nous ce gros livre (377pages), primé par le Goncourt, avec son éditeur, Actes Sud, comme autant de pièces à conviction, dont nous étions prêtes à nous séparer illico, pour les céder à qui voudrait!

Car, pour la plupart d’entre nous, d'envie, de plaisir, il n'y en eu point ! Daisy, Danièle, Marie, moi-même, avons lâché ce livre sans pouvoir le terminer.

Seule Simone, qui nous a rejointes, après le feu de la bataille, semble apprécier ce livre dont elle commence la lecture et qui, pour l'instant, lui plaît par les multiples références aux orientalistes dont elle connaît un peu le destin ( la Suisse, Isabelle Eberhardt par exemple)

Par le biais de la littérature, de l'Histoire, nous connaissions pourtant cet engouement des Européens pour l'Orient (le grand Est, comme dit notre auteur) qui doit beaucoup au romantisme et à la recherche des Antiquités, à la découverte des substances hallucinogènes, et drogues diverses, au XIXème siècle.

Nous attendions plus que cette somme indigeste d'érudition sur les orientalistes de tout poil qui fréquentèrent les hôtels cosmopolites de Palmyre, du Caire, de Damas ou d'ailleurs.

 

Indigeste? Sans structure solide, le livre se construit par concrétions successives autour de quelques obsessions, regrets, angoisses (liés pour beaucoup à une certaine Sarah pour laquelle le lecteur voudrait bien partager la fascination du narrateur) qui font monter les souvenirs au cours d'une nuit d'insomnie d'un narrateur, Franz Ritter, musicologue viennois - trop français pour exister comme support crédible de la narration qui met largement en scène l’archéologie et l’orientalisme outre Rhin -. Marie a parlé du double féminin (et français) du narrateur ;

Cette nuit d'insomnie, si productive, est loin d'être aussi excitante que la nuit de Shéhérazade, la conteuse d'une nuit, qui sauve sa vie par le charme de ses récits.

 

Indigeste par cette somme d'informations, dont chacune est intéressante pour elle-même, mais qui ne permet pas au lecteur de construire un savoir sur l'orientalisme, faute d'en avoir compris l'esprit, sans avoir passé par l’Inalco, ou par l’université de Berlin ou par l’université de Téhéran...

 

 

Hanté par le personnage de Balzac, le narrateur se cherche désespérément une muse,  une Madame Hanska, qui donnerait du sens à une vie, qui se voudrait aventureuse mais qui reste bien plate, sous la tutelle de maman. Un personnage (proche de l’auteur ?) qui reste fade, trop loin de nous.

Nous percevons bien l’ambition de ce livre, « formidable contre-poison à l’image de l’Orient que nous renvoie l’actualité », comme l’affirme la journaliste Marie Colmant, celle de lutter contre l’image simpliste et fantasmée d’un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu’il nous a apporté.

 

Oui, toute l’œuvre de Mathias Enard est imprégnée d’Orient. Son premier roman, paru en 2003, La Perfection du Tir, évoquait le Liban. Son roman Zoneen 2008, avait pour thème la violence de la guerre. En 2010, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, parlait des échanges esthétiques et culturels entre Orient et Occident. Et Rue des Voleurs (2012) racontait le destin d’un jeune réfugié marocain en Europe.

Il s’agit d’un tropisme qui trouverait sa source selon lui, dans une lecture de jeunesse, celle des Mille et Une nuits, et qui l’a conduit après le bac, à faire l’Ecole du Louvre, pour étudier les Arts de l’Islam, puis à Langues O pour étudier l’arabe, qu’il a enseigné à son tour, à l’Université de Barcelone.

 

Pour  écrire Boussole, il a fait énormément de recherches, 300 à 400 livres et quelques centaines d’articles scientifiques. Nous n’en doutons pas, c’est un écrivain exigeant. Mais…la narration de ce roman est faible et ne parvient pas à créer un lien avec le lecteur.

Attendons l’évolution de cette œuvre…et l’impression de Simone !

 

Interrogé par le magazine Lire, Mathias Enard a déclaré qu’il comptait fermer le cycle sur les rapports de l’Orient et de l’Occident avec Boussole. « Je souhaiterais maintenant m’intéresser à l’identité de la France »…

 

 

Excellente soirée tout de même au Beaubourg, où nous n’avons jamais perdu le nord, contentes de nous retrouver et d’échanger sur les évènements.

 

Notre prochain rendez-vous est à Beaubourg, le 9 décembre à 5 heures de l’après-midi, pour discuter de notre prochaine lecture, L’Exercice de la Médecine de Laurent Selsik (ou d’une autre œuvre de cet écrivain, Les Derniers jours de Stefan Sweig, par exemple).

Sur les conseils d’Annick nous souhaitons aussi mettre au programme une jeune auteur déjà mentionnée dans nos discussions, Agnès Desarthe, avec son dernier livre, Ce cœur changeant.

Ensuite nous filerons à L’Espace Sylvia Monfort, pour  voir Oblomov. 

 

 

 

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