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Procope2009
11 octobre 2021

Automne 21, au "nouveau" Beaubourg

Au nouveau Beaubourg, l'étage est privatisé, le gérant a un fort accent ukrainien(?), on circule sans masque et on ne vous demande pas le passe...

 

Beaucoup de plaisir à nous retrouver et à échanger après ces mois de confinement, voire de réclusion, où chacune a fini par trouver une solution pour une retraite qui lui convienne, pas trop loin des siens.

 

Nous avons d’abord échangé sur les spectacles de l’été, des titres  au théâtre (à Avignon), au cinéma,  qui vont nous pousser vers les salles obscures. (Guermante au cinéma, Fraternité au théâtre, ou Une utopie, ou encore, La Cerisaie…)

Des titres qui sont venus dans un premier temps illustrer nos propos sur l’importance que prend la notion de nature, et de l’harmonie que l’on peut trouver dans la nature, ou dans la relation avec l’animal (on a pensé au Mur Invisible de l’Autrichienne, Marlen Haushofer)

Et aussi à

Dina RUBINA Du côté ensoleillé de la rue

Victor POUCHET Autoportrait en chevreuil Il avait plu des oiseaux morts (interview dans Libération)

 

Pendant les vacances, il y eut des lectures-plaisir, des lectures–rencontres et des relectures de classiques.

 

Simone a bien aimé le livre de Philippe LANÇON Le lambeau : finesse, culture, style

Danièle a parlé d’un essai de Nancy Huston, L’espèce fabulatrice qui montre que l’être humain fabrique en permanence du récit, sur son identité, sur ce qui lui arrive…tout est récit. Cela lui est tellement nécessaire, qu’il en fabrique, qu’il arrange les évènements à sa convenance…

Elle a bien aimé également le livre du rabbin Delphine HORVILLER, Vivre avec nos morts, pour constater que les religions font également une large place au récit.

Marie a relu  ou est en train de relire Le temps retrouvé de Proust.

Annick nous a parlé du dernier livre de Jonathan Coe, Billy Wilder et moi

Il fut question d’Edgar Morin (déjà « statufié » par la presse à notre regret), Leçons d’un siècle de vie : 100 ans de vie le conduisent à des bilans sur ses expériences, à une relecture de  l’Histoire en marche, qui lui a réservé parfois des surprises, des retournements surprenants, des ruptures étonnantes auxquels personne ne s’attendait.

« J’ai connu l’imprévu de la grande crise de 29, laquelle a ravagé le monde et coproduit le nazisme et la guerre, l’imprévu de l’accession de Hitler au pouvoir, l’imprévu du 6 février 1934, émeute antiparlementaire qui suscita en réaction l’imprévu du Front populaire, l’imprévu de la guerre d’Espagne et du déchirement de la République espagnole de plus en plus noyautée par le pouvoir soviétique contre les libertaires, trotskistes et poumistes, l’énorme imprévu du pacte germano-soviétique en 1939, celui du désastre de l’armée française et du pouvoir de Vichy en 1940, l’imprévu de la résistance de Moscou fin 1941, coïncidant avec l’entrée en guerre des Etats Unis qui subissaient l’attaque surprise de Pearl Harbor. » p.45

Et suit une longue liste d’autres imprévus, jusqu’au Covid, tout récemment. Et de conclure, après la nécessaire intégration de l’incertitude et de l’inattendu dans l’Histoire humaine, sur l’incertitude dans la vie humaine. Et là, nous retrouvons le philosophe : impossibilité d’éliminer l’aléa.

 

J’ai également parlé d’un livre que m’a fait connaître Danièle, un livre étonnant « qui tient par la force du style », comme le dit la critique littéraire (Le Monde, je crois). Cela s’appelle : Petrov, la grippe, etc… d’un auteur russe contemporain, Alexeï SALNIKOV, né en 1978  à Tartu en Estonie.

« Par la force du style » parce qu’il n’y a pas d’intrigue apparente, sinon celle de la grippe que contracte Petrov deux jours avant la fête du Nouvel An, et qu’il passe à sa femme, Petrova qui contamine leur fils, Petrov junior. Au cours des épisodes fiévreux, de l’enfermement à la maison, des courses, pour Petrov à moitié valide, vers l’épicerie, la pharmacie, ou le Dispensaire où Petrova amène son fils chez la doctoresse…au cours de ces diverses situations où le temps s’étire ou se contracte, où il s’écoule tantôt à rebours (l’enfance de Petrov lors de la même fête du Nouvel An), se déroule la vie quotidienne  des Russes (l’action se passe à Ekaterinbourg), parfois tragique, parfois triviale, exposée avec réalisme et humour. On s’amuse beaucoup en lisant ce livre.

Les personnages, pourtant en interaction constante, dans la famille, avec les amis ou les collègues de travail, connaissent une profonde solitude, ils découvrent qu’ils ne communiquent pas vraiment.  Si Petrov rêve beaucoup (lorsqu’il émerge d’une sérieuse ivresse, ou sous l’effet de la fièvre), aucun rêve, aucun projet ne le poussent vers l’avant. Il reste métaphoriquement enfoncé dans sa fosse de mécanicien et découvre en attendant son fils, au dehors du théâtre, lors de la nuit du nouvel an, qu’il n’est finalement qu’un personnage secondaire, qui survit au lieu de vivre sa vie.

 

Un livre curieux et attachant qui pourrait faire l’objet d’une discussion lors de notre prochaine rencontre, au même titre que le Billy Wilder de Jonathan Coe, qu’a bien aimé Annick. Alors… au mercredi 1er décembre, au Beaubourg, si vous êtes d’accord. La cote d’amour du Beaubourg est en baisse, et donc,  si vous connaissez un autre endroit au centre, au Chatelet, ou au quartier latin…

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