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Procope2009
22 octobre 2016

Rentrée littéraire avant les prix

 

 

9 octobre au café Beaubourg, nous étions sept, et peu importe la pluie dans Paris et le vent froid, Nathalie.

Là-haut au premier étage, nous avions la météo au beau fixe, encore dans le sillage des vacances, pour Christiane et Daisy, qui nous ont parlé de leurs voyages et des lectures qui les ont guidées,  l'une en Italie dans les Pouilles, sur les traces de Carlo Levi dans cette région austère, voire tragique, avec ce livre magnifique dont nous avons reparlé, Le Christ s'est arrêté à Eboli; l'autre revenant de Crète avec ses souvenirs et ses lectures de voyage. Hugo y tenait une bonne place avec les Misérables, lu avec passion; E. Mendoza avec sa ville des Prodiges, écrit et lu avec jubilation. Quant aux Hauts de Hurlevent, Daisy l'a lu comme un roman noir, où ne brille aucune lueur d'espoir.


Nathalie a évoqué Gérard Garouste et son terrible livre sur le père, L'Intranquille ("je suis le fils d'un salopard qui m'aimait" ainsi commence le livre édité en poche en 2011).

Annick et Daisy ont parlé du nouveau livre de Ivan Jablonka dont nous avions aimé le livre précédent sur les grands-parents qu'il n'avait pas eus. Son nouveau livre, Laetitia ou la fin des hommes, au Seuil, est lui aussi bien accueilli par la critique et nous intéresse fort. Annick a aimé la construction du livre de Christophe Boltansky, La Cache, son premier roman paru en 2015 : la description progressive de la maison familiale sert de fil d'Ariane à l'auteur dans son enquête généalogique. Et peu à peu on comprend l'origine de la peur qui habite tous les membres de la famille : dans les années de guerre, le grand-père juif de Christophe a dû se cacher au coeur de la maison et c'est ainsi que peu à peu se trouve élucidée une névrose familiale.
 A quelques années de distance, il fut à nouveau question de Laurent Mauvignier, Autour du monde, comme de Bolaño (plus proche dans le temps, il est vrai) avec Les Détectives Sauvages que certaines avaient commencé et abandonné en raison de son propos confus. Je propose à Christiane qui l'a elle aussi en ligne de mire, de le relire pour que nous en discutions réellement cette fois. Ces résurgences n'ont pas manqué de nous interroger (je ne voudrais pas dire "inquiéter") : serions-nous condamnées à ressasser projets de lecture non aboutis ou même, livres déjà lus, mais peu captivants, n'ayant laissé dans nos esprits très bien remplis, qu'une faible empreinte? Que nenni! cela ne m'inquiète pas le moins du monde. Cela ne risque pas d'arriver pour les romans de Hugo, n'est-ce pas Marie?, n'est-ce pas Daisy?

Et puis Marie a parlé du 14 juillet de E.Vuillard (Actes Sud) avec beaucoup d'enthousiasme : elle aime son style énergique, parfois lyrique, avec des jeux sur les mots jusqu'à l'ivresse...Il faut rappeler que ce livre se présente comme un récit historique de la prise de la Bastille où l'auteur tente de restituer la vérité des faits, inimaginables (une forteresse extrêmement bien défendue, avec le plein de munitions) à travers les comptes rendus de police, les registres des hôpitaux, et diverses sources qui ont recensé les noms des acteurs, ayant trouvé la mort, blessés, ou survivants... Les faits et réactions de chaque camp sont précisés dans leur vérité réelle, ou imaginés tels qu'ils ont dû se passer. L'acteur principal est la foule présentée comme un grand organisme vivant aux multiples bras, inspirés par la même pulsion, se défendre, trouver des armes pour trouver de la sécurité.

Sur ce livre, je lui ai porté la contradiction, trouvant que l'énergie de cette foule était celle des foules des évènements de 48, telle qu'on la trouve décrite chez Flaubert, chez Hugo... La foule de la Bastille qui n'en finit pas de monter dans cette tour, une fois la forteresse investie, est-elle la même, à travers les époques? Qu'est-ce que le peuple, au fond (Flaubert avait sa petite idée là-dessus...)? Au XVIII ème siècle,  ou 60 ans plus tard, l'esprit d'insurrection (avec le savoir technique afférant), est-il le même? ou est-ce quelque chose en construction avec la politisation et l'encadrement des masses?

Ai-je moulu du grain pour pas grand chose? J'en suis désolée si c'est le cas, mais après avoir lu La Révolte de Mme de Montjean d'Arlette Farge, avec lequel ce livre était confronté dans sa démarche (mais aussi bien d'autres choses sur les mentalités, les moeurs au XVIIIème siècle, à commencer par R.Darnton) il m'a semblé que l'enracinement historique dépassait les faits et les noms, et qu'il fallait voir autre chose, pour expliquer la révolution en marche.

Nous nous voyons pour le théàtre (adaptation d'un roman (?) Annie Ernaux) le 16 novembre. Nous pouvons nous voir avant, vers 5 heures et demi, au Beaubourg, si vous le voulez et y aller ensemble.
Nous avons décidé de lire dans sa nouvelle traduction, Les Oiseaux de Vesaas et le nouveau livre de Jablonka, Laetitia ...
Attention aux nouvelles adresses électroniques... 
Portez-vous bien.
Hélène 

 

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