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Procope2009
4 avril 2014

Compte rendu du 2 avril 2014

 

Sans Daisy, Christiane, Danièle et Annick, c'est en petit comité que nous nous sommes retrouvées hier soir au Café Beaubourg dont le premier étage nous est resté interdit en raison d'un important dîner qui nécessitait tout l'espace.

Point de table ronde, donc, mais deux tables rectangulaires qui ont bloqué l'énergie! D'autant plus que nous n'avions pas du tout lu la même chose: Nathalie (sans ailes) était venue avec un essai, Muettes Émergences de Pierre Chappuis, dont les beaux et poétiques intitulés de chapitres ne tenaient pas leurs promesses. Toutefois la lecture de ce livre était facilitée et même agrémentée par la tâche que les éditions Corti demandent au lecteur, celle de jouer du coupe-papier, pour avancer dans la lecture du livre. Bref, Nathalie ne nous recommande pas spécialement ce livre, mais reste sur sa proposition de la fois dernière, Le Dépaysement de J. C. Bailly.

Nathalie (avec ailes!) avait elle aussi un essai en cours de lecture, Beauté fatale de Mona Chollet, qui semble faire l'état des lieux de la condition féminine à notre époque. Notre sentiment général (qui rejoint l'analyse du livre, si j'ai bien compris) est qu'il y a totale régression par rapport aux combats que nous avons pu connaître il y a quelques années : les grands-mères peuvent plaindre leurs petites filles pour l'aliénation qu'elles connaissent en épousant si bien les fantasmes masculins imposés par la publicité, la mode, le show-business, et en acceptant d'êtres uniquement des objets sexuels consommables, et jetables quand leur fraîcheur est périmée. Comment ne pas évoquer Simone de Beauvoir, son livre, Le Deuxième sexe, et sa célèbre phrase dont Simone (eh!) reconnaît toujours la vérité : "on ne naît pas femme, on le devient".

Sur le même sujet, Nathalie a fait un rapprochement avec un livre que nous avions mentionné ( et même retenu comme lecture de vacances, King Kong Théorie de Virginie Despentes), qui fait le même constat.
La route est longue, et les combats féministes gardent tout leur intérêt sur les plans économique (question désormais salaires et dévalorisation d'une profession quand elle se féminise) et politique (séduction féminine et légitimité d'une parole de pouvoir). Nous avons évoqué tout cela autour de quelques figures emblématiques, comme Ségolène Royal...et d'autres, professionnellement plus proches de nous!

Voilà des titres pour la lecture d'essai que nous nous proposons de faire la fois prochaine, avec l'essai sur l'arbre de Corbin (la Douceur de l'Ombre), édité en poche à présent, nous dit Danièle.

 

Quelles nouvelles du Chardonneret? Marie en a lu la moitié et admire le sérieux de la documentation de l'auteur, autant sur les explosions terroristes que sur les us et coutumes de la tribu branchée new -yorkaise à laquelle il est désormais de bon ton d'appartenir!
Remarquable encore la documentation sur les ravages de l'alcool et drogues mêlées, chez ces deux adolescents, Théo et Boris. Ce dernier est un personnage étonnant et original, constate encore Marie qui espère finir ce gros livre très ambitieux dans le traitement du temps, avec des effets de dilatation et de contraction, ce qui nous donne au final l'impression d'avoir fait une expérience de vie auprès de ces personnages de fiction.

Simone a aussi parlé avec chaleur d'une de ses lectures, Pour en finir avec Eddy Bellegueule, récit-témoignage d'un jeune auteur qui fait une plongée dans le lumpenprolétariat picard dont il est issu. Et je veux bien croire qu'il existe pour avoir vu la misère de ces campagnes déshéritées...

 

Et j'en viens aux romans policiers qui étaient censés être notre repos du guerrier! après Confiteor et Le Chardonneret, ces deux livres exigeants.

Simone et moi avions pas mal avancé notre lecture de Mapuche de Caryl Férey, ainsi que Danièle qui se dit très impressionnée. En effet le livre a reçu de multiples prix et distinctions pour l'épaisseur historique, sociologique, économique...L'auteur connaît bien l'Argentine, ses différents problèmes depuis l'époque du péronisme à laquelle il rattache directement la sombre période de la dictature, qui n'en finit pas de polluer le présent et la démocratie retrouvée, laquelle pratique - et demande de pratiquer -l'oubli et l'absence de poursuites judiciaires, pour des raisons de réconciliation nationale. Mais il y a les disparus, ceux dont on n'a jamais retrouvé les corps....et dont on ne peut faire le deuil.
Au centre du livre, il y a donc le combat des mères et des grands-mères de la Place de Mai, qui, inlassablement, demandent au pouvoir des nouvelles de leurs disparus, ceux dont on est sans nouvelles après une arrestation nocturne, ou ceux, bien plus jeunes, innocents, qu'on a arrachés à leurs parents biologiques, pour être donnés à des dignitaires du régime.
Des enfants qu'on a élevés dans le mensonge et qui, un jour, demandent des comptes comme Maria Campallo, et soulèvent la couverture voilant corruption et arrangements entre amis dans les sphères du pouvoir. Ce sont les plus basses pulsions de l'individu qui là encore sont mises à jour avec une violence rare.

Pourquoi ce titre? Les Mapuche sont une tribu amérindienne encore appelée Arauncan, qui vivaient dans la Cordillère des Andes, leurs territoires s'étendaient entre le Chili et l'Argentine. Ils ne sont plus très nombreux à présent après avoir été chassés et dépossédés. C'est un peu leur histoire, leur mythologie même, que l'auteur retrace à travers l'histoire de cette jeune indienne, Jana, intimement liée à l'intrigue, à l'enquête menée par le détective privé, Rubèn Calderón, lui même rescapé des geôles du Ministère de la Marine, lieu tristement connu des Portègnes, des Argentins. Pour ces deux-là, il s'agit de retrouver deux nouveaux disparus, de milieux sociaux très différents, la fille d'un richissime homme d'affaires et un travesti qui se produit dans des revues spéciales, liés par le sang, et séparés, adoptés, élevés dans des milieux très différents.
L'écriture est intéressante, dans la dérision constante au début, elle prend une amplitude allant parfois jusqu'au lyrisme dans la seconde partie du livre, mais toujours dans la retenue.

Du même auteur, Nathalie (L) avait déjà lu et beaucoup apprécié, Zulu.
On a aussi évoqué la mentalité, l'accent typique des habitants de Buenos Aires, ville dont la peinture sociale et économique est très soignée dans le livre. Cet accent nous l'entendons dans deux films de Juan José Campanella, Le Fils de la Mariée et Dans ses Yeux que certaines ont vu pour se souvenir des beaux yeux également, de l'acteur principal, Ricardo Darin.

Je vous propose le 28 mai comme date de notre prochaine rencontre. Voyez si vous souhaitez vous voir avant...Nous pouvons lire le Dépaysement ou La Douceur de l'Ombre de Corbin. Ou ...?
Propositions des absentes?

Portez-vous bien..

Hélène

 

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