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Procope2009
31 mai 2014

La douceur de l'ombre

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    Nous étions trois, puis quatre, puis cinq avec l'arrivée de Simone...au café Beaubourg, un peu déserté ce mercredi, où les habitués se reconnaissaient aisément : notre voisin habituel est venu et il travaillait dos tourné comme à l'accoutumée.

 

    Nous avons parlé de nos lectures diverses, du Maroc - guidées par les saveurs d'amande, de fleur d'oranger et de miel des pâtisseries de Rabat - , des voyages, et de l'usage du monde. Comme N. Bouvier, nous pensons qu'en voyage, il faut bien s'attacher, pour ensuite se détacher lorsque nous revenons vers notre habitat culturel.
   

Pour ce qui est de l'essai, beaucoup avaient fait l'effort de lire L'Arbre, La douceur de l'ombre, de Corbin (pour ma part, je l'avais emporté comme seul livre de voyage...et ce fut mortel!). Nous étions d'accord pour saluer ce travail de compilation et de construction du sens symbolique de l'arbre, mais d'accord aussi pour dire que nous attendions autre chose d'un essai, à savoir le développement d'une thèse, d'une pensée personnelle, ce que Corbin réussit fort bien dans d'autres essais comme celui sur Le rivage, territoire du vide.
Nous avons regretté l'absence d'illustrations dans l'édition de poche, et remarqué que l'étude de l'auteur s'arrêtait à notre aire culturelle et ses racines gréco-latines. Le même travail orienté vers la poésie arabe ou persane, vers les contes africains, ou encore vers la littérature russe, aboutirait-il aux mêmes significations?
Toujours le voyage ....permanence de certains thèmes et variations culturelles.

 

 

    Danièle a évoqué un essai intéressant sur Flaubert, "Flaubert, une manière spéciale de vivre" de Biazi, "l'écriture comme dada", métaphore équestre, fréquente chez Flaubert.

 

    Marie a mentionné avec l'Annonce, sa découverte de Marie-Hélène Lafon, élève en son temps, à la fois de notre collègue et amie, Lucie, et de Flaubert (rien que cela! Mais à son école elle vise le "dégraissage" de l'écriture. " Il faut que l'écriture soit la plus maigre possible"). J'allais oublier sa présentation de Fabienne Verdier, Passagère du silence, qui relate une expérience quasi mystique d'une Européenne venue recevoir l'enseignement d'un peintre chinois. Un apprentissage qui passe par une quasi acculturation, la solitude et le silence ...
   

    Simone a parlé d'un essai court et pertinent de Mona Ozouf sur Jules Ferry (Jules Ferry, la liberté et la tradition) dont l'action réformatrice n'est pas toujours bien reçue à son époque.

 

    Danièle nous a donné à voir la photo - étonnante - de couverture d'un roman de Marcello Fois, auteur sarde, Les Hordes du vent : attitude et costume guerriers où fusil et coutelas - pièces d'apparat dans le costume masculin de l'époque?- détonnent avec la douceur et la fragilité du regard...

 

    Nathalie (L)  a parlé du Journal des Frères Goncourt, que la plupart d'entre nous connaissaient par fragments, puisque ils ont un avis sur tout, aussi bien sur l'actualité culturelle parisienne de leur époque que sur les artistes des siècles passés. Mais il est étonnant de constater combien ils sont représentatifs de leur époque et comment ils expriment l'antisémitisme d'une certaine bourgeoisie française...Étonnant de trouver sous leur plume élégante des termes vulgaires, racistes sur les Juifs français... Nous le savons, mais ils nous rappellent combien cet antisémitisme est présent dans l'opinion française. Il y a un terreau où se nourrissent ces idées d'extrême droite.

 

    Pour la prochaine fois (à l'ombre des marronniers des Tuileries? - inch'Allah!- ) nous avons envie de mieux connaître l'œuvre de Romain Gary, sous ses différents pseudonymes, et de savoir pourquoi il est inclassable. Pour mieux cerner l'œuvre et le personnage nous pourrions aussi ( en plus de la lecture d'un de ses livres) aller voir les biographes, dont Myriam Anissimov, "Romain Gary, le Caméléon" ou Nancy Huston avec Le Tombeau de Gary.
Et nous avons fixé la date du mercredi 25 juin, sous les marronniers, ou près d'un bassin, les pieds dans l'eau, le nez au vent....un café littéraire d'été.
Hélène

 


PS
Pour bien renseigner "Bécassine"( il paraît qu'il en existe une, Cf Blog), je peux lui dire que pour ma part je lis aux moments privilégiés de la journée que sont l'après déjeuner et la soirée, une heure à deux heures.
Que ce moment est vraiment à moi, pas de bruit, et comme seule musique, le bruit du vent.
Que je suis assise dans ma véranda ou allongée au lit le soir
Qu'il m'arrive de prendre des notes ou de souligner
Qu'à la fin une synthèse de quelques lignes est idéale mais non systématique
Qu'il peut m'arriver de relire plusieurs fois le même passage pour comprendre la démarche ou le concept, ou pour mieux m'imprégner de la poésie d'un passage
Que ce n'est pas grave de ne pas tout comprendre. L'essentiel pour moi c'est l'empathie qu'on me permet de développer, et la musique de l'écriture
Je peux boire du thé ou manger du chocolat, mais ce n'est pas obligatoire.
Globalement, je dirais que la lecture, comme l'écriture, est une plongée dans un inconnu fascinant et qu'elle me permet de développer et d'entretenir mon "humanité" , en plus des profits plus attendus que nous connaissons, s'instruire, s'amuser, s'évader...
À vous

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