Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Procope2009
3 octobre 2020

Rentrée littéraire septembre 2020,

Danièle a assuré la rentrée avec Marie et Simone, et aussi le compte rendu.

 

 

En petit effectif, le 30 septembre au Café Beaubourg

 

Le milieu de l’après-midi, du thé à la place du Brouilly (pas de lassi, non plus), la terrasse (1er étage fermé, rez de chaussée bruyant) et nous n’étions que trois, Christiane n’a pas pu nous rejoindre, son temps de service à l’association dont elle s’occupe ne lui permettait pas d’être là à l’heure que nous avions choisie pour éviter la foule. L’horaire, la date, l’éloignement, la Covid, autant l’appeler par son nom, ont été la cause de cette réduction de l’effectif habituel.

Nous avions lu toutes les trois Eva dort, de Francesca Melandri, Danièle récemment, Simone et Marie il y a plus longtemps ; d’autres amies de notre groupe aussi peut-être ?  Une histoire de région frontalière : le Haut-Adige-Sud-Tyrol. Région de montagne longtemps autrichienne, donnée à l’Italie en 1919, ce qui a entraîné un profond trouble à tous les niveaux : dans l’identité de ses habitants, dans la relation avec l’Etat italien et avec les Italiens incités à s’y installer, qui méprisaient les natifs germanophones. Une histoire de violence, qui culmine lors de la période des attentats accomplis par le mouvement de libération du Sud Tyrol dans les années 60, et qui verra son dénouement en 1972, avec l’obtention d’un statut d’autonomie.

Ces déchirements apportés par l’Histoire avec sa grande hache, sont incarnés très précisément et avec beaucoup d’intensité par la vie d’une famille, dont le récit est mené en parallèle avec le monologue intérieur d’Eva qui traverse l’Italie en train : elle va revoir un homme qui a vécu avec sa mère et qui aurait pu être un père pour elle dont le père biologique ne l’a pas reconnue.

La mère d’Eva, Gerda, est le personnage central du roman, qui la suit depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse. Elle est remarquable par sa détermination à tracer sa route : professionnelle (de domestique , formée par le cuisinier en chef, elle lui succédera, dans un hôtel de cette région qui se transforme pour attirer les touristes), sentimentale et sexuelle (elle n’a cure du qu’en dira-t-on), après avoir été rejetée par son père à cause de sa grossesse. Le roman retrace aussi l’enfance d’Eva, sa fille, accueillie par des cousins au grand cœur, et la relation complexe entre Eva et Gerda.

Nous avons aimé cette plongée dans une période et une région peu connues, la manière dont F. Melandri tresse l’histoire de la famille, la vie de Gerda, et la méditation d’Eva.

 

Simone et Marie ont lu La Fille de l’Espagnole, de Karin Sainz Borgo, écrivaine vénézuélienne. Elles ont été saisies par la force de ce roman qui commence dans une capitale d’Amérique latine en proie à la violence, aux émeutes, au chaos. Une dystopie, préfiguration terrifiante de ce qui pourrait advenir.

Adelaida voit son appartement envahi par un commando de femmes paramilitaires qui la dépouille de ses affaires au nom de la Révolution ; elle se réfugie chez sa voisine, une dame espagnole qu’elle trouve morte dans son salon. Elle a l’idée de prendre l’identité de cette femme, et de partir refaire sa vie en Espagne. Ce qui amène à se demander jusqu’où aller pour se sauver.

Mouvements inversés : les Espagnols sont partis au Venezuela pour échapper à la dictature franquiste, et voilà qu’une Vénézuélienne fait le chemin inverse pour échapper à la terreur qui s’est emparée de son pays.

Marie a lu Denise au Ventoux de Michel Jullien : nous voici à nouveau dans la nature, en montagne. Denise est une chienne de 43 kgs, un bouvier, confié à Paul qui vit en ville et décide de partir quatre jours avec elle avant de la rendre à sa propriétaire. Ce récit tout en finesse, inattendu, qui explore la relation entre l’homme et le chien non sans humour, est écrit dans une langue recherchée, parfois désuète.  Il se termine sur un dénouement inattendu, que l’on ne révèlera pas ici.

L’une d’entre nous (Simone ?) a parlé aussi du roman Les étoiles s’éteignent à l’aube, de Richard Wagamese.Il y est question du programme gouvernemental canadien qui enleva des enfants à leur famille indienne vivant en Colombie britannique. Un vieil homme, ravagé par l’alcoolisme, qui enfant a été ainsi enlevé et mis dans un pensionnat pour y acquérir une autre culture que celle de son peuple, demande à son fils de l’emmener finir sa vie dans la région de ses ancêtres. Ce voyage est l’occasion pour le fils de découvrir la culture indienne en même temps que le passé de son père et ses blessures.

Danièle a lu Quand la nuit de la cinéaste et romancière Cristina Comencini.

La montagne, encore. Dans les Dolomites, une jeune femme, Marina, vient passer une semaine avec son fils de deux ans. Le père est resté en ville, elle a loué un petit meublé à un guide.

A travers cette jeune femme, C. Comencini évoque la difficulté d’être une mère, de coller à l’image, il décrit les moments d’épuisement (de burn out, dit-on aujourd’hui), d’énervement, de brutalité même, le désarroi à vivre ces difficultés dont on ne pale pas, dont elle n’a jamais parlé avec le père de l’enfant.

Manfred, le guide, s’occupe seul de ses deux enfants, dont la mère l’a quitté ; sa propre mère était elle aussi partie vivre une histoire d’amour loin de ses trois enfants.

Partir vivre sa vie ? C’est une question qui parcourt le roman.

La relation entre le montagnard et la citadine est difficile, ils se parlent peu, chacun est enfermé dans sa solitude et sa peur ; ils se heurtent, l’homme se plaît à tester la jeune femme au cours d’une excursion (la montagne, lieu où l’on se révèle). Ils se rapprochent, puis la vie de chacun reprend et la relation se poursuivra à distance, dans l’esprit de chacun, jusqu’à une rencontre des années plus tard.

Dans les livres de F. Melandri, de C. Comencini, la montagne est célébrée, comme elle l’est dans les deux livres de P. Cognetti que nous avons lus l’an passé.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Procope2009
Publicité
Archives
Publicité