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Procope2009
18 avril 2019

En avril, ne te découvre pas d'un fil!

 

 

Une séance courte mais dense au Beaubourg ce mercredi 17 avril. Nous avons commencé par Amos OZ qui était au programme avec son livre Une histoire d’Amour et de ténèbres. Occasion de rappeler sa bibliographie et de nous remémorer ce que nous avions lu de lui, notamment son dernier livre sur le kibboutz, Entre amis.

 

Notre livre, qui n’est pas une fiction, mais une biographie, retrace l’arrivée en 1939 et l’installation de la famille d’Amos Oz en Palestine, devenu protectorat anglais, en avril 1920, avant de devenir un état, l’état israélien en 1947.

C’est donc le roman des débuts d’Israël. Mais ce n’est pas pour autant un roman historique, même si le lecteur apprécie cette mise en situation, riche en enseignements, pour constater combien fut difficile l’acclimatation de cette famille de lettrés, venue d’Europe de l’est (la mère est Ukrainienne) soudainement déclassée, aux attentes déçues, à la vie interrompue...Le nouveau pays ne leur offre pas les chances qu’ils espéraient. Occasion pour nous de parler de la gauche israélienne, si dynamique dans les débuts, et désireuse de fonder un nouveau type d’homme - le pionnier que deviendra le jeune Amos - , aujourd’hui en veilleuse pour ne pas dire moribonde.

C’est plutôt un roman familial, où nous nous garderons bien de faire comme le « mauvais lecteur » que caractérise Amos Oz au début de son livre, comme étant « le lecteur sociologique » ou « le lecteur médisant et voyeur». C’est une autre position à laquelle nous sommes conviés, nous glisser dans un espace de compréhension pour grandir moralement, devant cette famille où l’enfant Amos est aimé, adulé même, une famille étroitement unie qui se reçoit, s’entraide, mais où la mère, Fania, cède peu à peu à la dépression et se suicide quand son fils a 12 ans.

Et la tragédie se poursuit avec le remariage rapide du père, et la vengeance implacable de son fils qui s’en va au kibboutz, change de nom prenant celui de OZ, et refuse de parler à son père, jugé responsable de cet immense gâchis.

 

Voilà les grandes lignes d’une autobiographie (où tout est vrai) qui est surtout une œuvre créatrice originale, dans la reconstitution du passé, par la puissance évocatrice du style qui restitue la vie, la chaleur des relations, la complexité des sentiments, sans apitoiement, en s’en défendant même par la précision des analyses sociétales, géographiques, politiques et surtout, l’usage constant de l’humour et parfois de l’autodérision. Et c’est là un autre intérêt de ce livre que de nous faire rire tout en nous faisant pleurer.

 

 

 

Millenium People de J.G. Ballard, n’est certes pas un grand livre mais un livre bien écrit, qui fait réfléchir.

 

Un livre d’anticipation, qui montre dès 2003 ce que peuvent devenir nos sociétés de consommation, qui cèdent à la violence et à « l’action directe » pour faire aboutir leurs revendications.

Un livre qui met en scène la classe moyenne londonienne (dans la Marina de Chelsea, on trouve surtout des professions libérales, médecins, architectes, avocats…) dont les taxes sont devenues insupportables. Leur révolte est analysée selon une grille d’analyse marxiste : leur lutte pour maintenir leur pouvoir de consommation et donc leur place dans la société, s’inscrit selon l’auteur dans une lutte des classes et se voit qualifiée de  «nouveau prolétariat » qui fait la « révolution ».

A partir d’un évènement initiateur, l’explosion meurtrière d’une bombe à l’aéroport d’Heathrow, ces groupuscules, auxquels s’adjoignent à l’occasion les groupes antispécistes, mettent Londres à feu et à sang. Le personnage principal David Markham, qui donne au livre une progression (car il se lance dans une recherche du coupable après l’attentat d’Heathrow qui coûta la vie à sa première femme dont il était divorcé), mais qui en est aussi la faiblesse (personnage un peu falot, sans relief, en manque de caractère, d’idéologie :  un « suiviste », qui s’ennuie dans la vie, un désespéré qui ne croit en rien) , ce personnage principal est l’œil qui enregistre les différents tableaux de cet embrasement.

 

Prémonition des troubles sociaux actuels? Nous avons constaté avec Danièle, que le cadre sociétal est différent du nôtre. Il y manque :

-       la globalisation (cela ne concerne que la ville de Londres),

-       les flux migratoires (on reste dans les quartiers bien blancs de Londres),

-       l’Europe et l’ombre du Brexit,

-       les recherches identitaires, et le terrorisme islamique (bien que l’attentat d’Heathrow, non élucidé, soit imputé entre autres pistes, à Al Quaïda).

 

Ce livre nous fait découvrir un nouvel auteur, Ballard, dont la vie, à elle seule, est un roman. Christiane en lit le récit actuellement avec La vie et rien d’autre.

L’autre intérêt est de voir la puissance dans la réflexion de ces romans d’anticipation, quand ils présentent à ce point un degré de plausibilité dans les conséquences, comme dans les hypothèses. Je l’ai constaté également dans le roman de Rosa Montero, Los tiempos del odio dont nous lirons, bientôt peut-être la traduction française.

 

 

Nous aimerions lire pour le 22 mai, date de notre prochain rendez-vous, un livre de Margaret Atwood, au choix...(La servante écarlate, La captive…)

 

Et terminer Une histoire d’amour et de ténèbres...

 

Je vous signale chez Picquier, un petit livre de Yan Lianke, Un Chant Céleste, qui nous promet « la même puissance de chant » que dans Les jours, les mois, les années. S’agit-il du chant poétique ? ou du chant de la voix humaine ? Les quelques pages que j’ai lues et qui sont superbes, ne me permettent pas encore de trancher.

Joyeuses Pâques!

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