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Procope2009
14 octobre 2018

Octobre au Café Beaubourg

 

 

L’été indien, Le Beaubourg, la table ronde, et nous toutes au complet, sans oublier l’homme au catogan et lunettes rondes dans les coulisses...

C’était hier notre dixième rentrée littéraire avec nos lectures d’été au programme, principalement :

            Ludmilla Oulitskaïa et ses romans et recueils de nouvelles

            Fernando Aramburu et son roman Patria traduit en français depuis le printemps.

 

 

 

Oulitskaïa est un écrivain russe contemporain dont le dernier livre paru au printemps est L’Echelle de Jacob. Nous avions lu d’autres titres. Christiane a parlé d’un recueil de nouvelles, Mensonges de femmes, qui propose quatre nouvelles sur des « mensonges » de femmes qui enjolivent leurs vies étriquées dans des appartements communautaires tels qu’ils ont pu exister dans les villes pendant la période communiste. Toutes quatre se font démasquer justement en raison de cette grande proximité des voisins qui peuvent vérifier les histoires qu’elles inventent.

 

Simone avait lu, comme moi, le roman Sincèrement vôtre, Chourik, qui retrace le parcours sentimental de Chourik, un jeune homme brillant, bien élevé par sa grand-mère qui lui enseigne le français, les bonnes manières...et la pitié pour les femmes! C’est cette pitié qui le détourne de ses études pour devenir « l’homme de service » au sens propre, auprès de femmes, jeunes et moins jeunes. Un roman plaisant en raison de la distance ironique que pratique l’auteure, vis à vis des « exploits »de son personnage, homme ordinaire...

Roman intéressant par les petits tableaux de la vie russe, notamment moscovite, proposés à chaque rencontre, dans les derniers temps du communisme, sous Brejnev. Mais la technique narrative reste sans surprise et finit par lasser.

Daisy avait lu avec plaisir Le Chapiteau Vert qui traite de la Dissidence dans la période post-stalinienne. Trois garçons deviennent dissidents par amour pour la littérature et aussi parce qu’ils sont mis à l’écart par leurs camarades de classe. Daisy a trouvé beaucoup d’intérêt à la peinture politique et sociale à laquelle se livre l’auteure.

Oulitskaïa, un écrivain qui honore les lettres russes mais qui n’intéresse pourtant pas le pouvoir en place, constate-t-elle.

 

 

Nous avons ensuite parlé de Patria d’Aramburu, écrivain basque vivant en Allemagne, qui a publié ce livre culte il y a deux ans, écrit en espagnol avec un glossaire pour les mots basques, importants pour percevoir les diverses relations, villageoises et familiales.

Un livre culte, vu la place exceptionnelle qu’il occupe dans l’édition espagnole avec son million d’exemplaires et son étonnant pouvoir de résilience au pays basque et dans toute l’Espagne, ouvrant le dialogue dans les familles et dans une société fracturée par des années de terrorisme.

On connaît déjà l’intrigue reposant sur l’amitié quasi fusionnelle de deux jeunes filles d’un petit village du Guipuscoa, séparées par les épreuves que leur réserve la vie, et...l’ETA.

Ce qui nous a intéressées dans ce livre c’est l’action de l’ETA, cette remise en cause très bien faite de la violence. C’est Simone qui a ouvert le feu - pour conserver ce registre.

Cela commence, dit-elle, par l’endoctrinement des jeunes, pratiqué par des illuminés comme le curé, et des fripouilles (Marie parle de « voyous ») comme le tenancier du bar qui joue l’intimidation, la pression ouverte, la dénonciation au groupe; les phénomènes de bande fréquents à l’adolescence y prennent aussi leur part, ainsi qu’une sorte d’attraction romantique pour la clandestinité, les armes, les rapports de force avec l’état espagnol où l’on joue au plus fort.

C’est tout le processus qui est décomposé:

            Le financement par l’impôt révolutionnaire

            La mise au ban du récalcitrant (El Txato)

         Le départ des militants jusqu’alors dédiés à la guérilla urbaine et leur entrée dans la clandestinité quand ils ne peuvent déjà plus revenir en arrière.

            Leur formation militaire

       Leur éloignement momentané, puis leur retour pour des missions importantes, des assassinats de gens en vue, dans le tissu économique, ou dans l’administration et l’armée...

L’intrigue romanesque de Patria met le point d’orgue sur l’assassinat d’El Txato, chef

d’une petite entreprise, mais aussi, le meilleur ami, le parrain, le bienfaiteur, de ceux qui ont

dirigé, ou aidé à diriger, l’arme meurtrière.

L’action de ce livre puissant, facile à lire, écrit dans une prose simple, est moins de montrer le fonctionnement de l‘ETA que tout le monde a vu à l’œuvre en Espagne, que de montrer la souffrance des victimes, incapables de construire leur vie pour les jeunes générations, incapables de faire le deuil pour ceux qui sont touchés de plein fouet, comme Bittori.

De montrer aussi la destruction progressive des assassins incarcérés, qui découvrent un beau jour qu’ils ont perdu leur jeunesse, sacrifié leur vie pour rien.

Ce sont des problématiques que nous ne connaissions pas encore, et Aramburu, qui a pris de la distance, y compris géographique (puisqu’il a choisi de vivre à Berlin), peut en faire un roman.

 

D’autres livres ont été présentés, ou mentionnés, je ne suis pas toujours sûre de pouvoir bien préciser de qui venaient ces propositions de lecture.

Avec certitude Daisy a parlé de Naguib Mafhouz, prix Nobel égyptien, personnalité et écrivain reconnus par les lettres égyptiennes. C’est en particulier la trilogie consacrée à la ville du Caire qui l’a attirée et elle a parlé en particulier de l’Impasse des Deux Palais (premier tome), et de la condition féminine (à travers Amina enfermée chez elle sa vie durant, et répudiée par son « maître »).

 

Avec la même certitude, je peux affirmer( !) que Danièle a parlé d’un livre qu’elle a bien aimé, California Girls de Simon Libérati qui retrace ce fait divers qui secoua toute l’Amérique, autour de la « famille Manson »,les 8, 9, 10 août 69.

Elle a également lu À son image de Jérôme Ferrari, un roman superbement écrit sur les liens entre l’image, la photographie, le réel et la mort.

 

Il fut également question (par Annick?) d’une réalisatrice, scénariste, et écrivaine d’origine iranienne, Negar Djavadi et de son livre Désorientale.

Annick a redécouvert Laurence Durrell, après le Quattuor d’Alexandrie de notre jeunesse (j’ose!) avec Citrons amers (ou acides, selon la traduction), et Les Îles grecques, livres qu’elle a bien aimés.

 

Christiane a lu entre autres choses, Martin Eden de Jack London, livre qu’elle a adoré : c’est un roman inspiré par la vie de son auteur.

 

Nathalie aurait voulu nous parler d’un livre d’Antoine Wauters, Pense aux pierres sous tes pas. Mais ...elle le fera la prochaine fois.

 

La prochaine fois, ce sera le mercredi 14 novembre. Nous avons inscrit à coup sûr le poète grec du XIXème siècle Constantin Cavafy. Grec, mais né en Égypte à Alexandrie. Il faut sans doute écouter la lecture qu’en fait Daniel Mendelsohn.

Vous souhaitez également mettre au programme Henri-Frédéric Amiel, écrivain et philosophe suisse, et son journal.

Pourquoi pas? J’avoue que je suis aussi tentée par le beau titre que propose Nathalie.

Au 14! Hélène

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