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Procope2009
10 avril 2015

Cerisiers en fleurs

 

 

Au moins trois livres à notre programme d'avril :

- Bruce Chatwin et ses Jumeaux de Black Hill (1982)

- Simone Schwarz-Bart, à redécouvrir avec Pluie et Vent sur Télumée Miracle (1972)

 

- Manzoni, Les Fïancés (1828)

 

 

Sans parler de C.N. Adichie et de son dernier livre, Americanah,, qui nous a fort interrogées sur la question des distinctions raciales, si importantes aux États Unis, et que nous avons reliées à l'œuvre de Toni Morrison, puis de Simone Schwarz-Bart qui en parle dans un autre contexte.

 

 

Pour comprendre cette société nigériane que l'héroïne a choisi de retrouver après son émigration aux États Unis, on peut se référer au numéro de la fin du mois de mars d'Alternatives Économiques qui consacre un article à l'économie nigériane, avec cartes à l'appui : on comprend bien ce clivage entre le nord et le sud, pas seulement lié aux questions religieuses, et on saisit mieux le trafic d'influences, la corruption qui mine ce pays qui vient de se choisir un nouveau président, originaire du nord du pays, et qui a fort à faire pour répartir les bénéfices des ressources pétrolières du sud, afin de mieux développer le nord et éradiquer le terrorisme.

 

 

Bruce Chattwin a écrit en 1982 Les Jumeaux de Black Hill, un genre de roman naturaliste. En effet l'auteur étudie la nature de la relation gémellaire, pour des jumeaux monozygotes, Benjamin et Lewis, qui ne purent jamais se séparer, même pour aller à la guerre, ou pour se marier, tant est profond le lien qui les unit, les faisant instinctivement deviner les situations critiques que vit l'autre, pour se porter immédiatement à son secours. Devenus adultes, puis ayant perdu leurs parents, ils dirigent et exploitent la ferme qu'ils agrandissent et font prospérer, se répartissant les tâches du père et de la mère, à l'extérieur et à l'intérieur de la maison.

 

L'écriture est fluide, extrêmement précise pour installer le cadre, étudier le milieu, très important dans la démarche des naturalistes. Et ce milieu est difficile, violent, milieu agricole du début du XXème siècle , où l'on donne facilement "la râclée" à sa femme, où la misère, l'alcoolisme ravalent les hommes à la condition de bêtes (cf le voisin Jack et sa famille). Cela se passe au Pays de Galles dont on nous décrit les campagnes et les côtes dans leur beauté sauvage. Les coutumes galloises, l'amour du sol, sans être étudiées comme tels, ressortent à travers les épisodes de la vie des personnages. 

 

Danièle a parlé des accents flaubertiens de ce livre, à travers l'enthousiasme des jumeaux pour essayer les nouvelles techniques, les tracteurs entre autres choses! Elle pensait à Bouvard et Pécuchet...

 

 

 

Simone Schwarz-Bart sort un nouveau livre l'Ancêtre en Solitude, dont le canevas fut tracé dans les années 60, avec d'autres projets de romans constituant un Cycle antillais, dont seul le premier tome, La Mulâtresse Solitude, vit le jour, cosigné par André et Simone. Ce livre fut descendu en flammes par les écrivains Antillais qui refusaient à un Blanc le droit de parler du traumatisme de l'esclavage, de faire des rapprochements entre l'exil des Noirs et celui des Juifs et il sonna le glas de la veine romanesque d'André Schwarz-Bart, prix Goncourt pour Le Dernier des Justes. 

 

 

Aujourd'hui, Simone reprend un des livres du cycle et présente l'histoire de trois femmes, de trois générations, qui vivent dans la même case, unies par les liens du sang. A travers ces trois destins l'auteure montre dans une écriture très inspirée et poétique mais extrêmement claire et accessible, les ravages de l'esclavage : matriarcat de fait, impossibilité de construire une famille avec des rôles complémentaires fiables, les problèmes d'identité puisqu'on ne peut remonter une généalogie, les mécanismes de survie mis en place, qui entraînent des désordres divers...,mais aussi l'amour de la vie et un irrésistible élan vers l'avenir!

 

Mais tout cela était déjà dit dans Pluie et Vent sur Télumée Miracle, dont la très belle écriture m'a, à nouveau, littéralement enchantée, comme une musique à la fois étrange et familière...

 

 

Nous avons aussi parlé de notre plaisir à lire Les Fïancés, dû en partie au rôle du narrateur et à son indulgence à l'égard de ses personnages dont il démonte les ressorts avec malice et bonté. Les portraits sont saisissants. Simone en a cité quelques uns. Elle a souligné également la finesse de certains dialogues d'ecclésiastiques ou encore la cruauté des situations des filles nobles mais pauvres, enfermées au couvent (épisode de la Religieuse de Monza)...Les épisodes historiques comme celui de la peste de Milan, sont également passionnants et instructifs. Il semble que dans ce livre assez long, l'intérêt du lecteur va crescendo.

 

 

 

Nous avons décidé de nous revoir le 20 mai à 18 heures, avec un bon plat de résistance, Oblomov de Gontcharov

 

Et aussi Le tort du soldat de Erri De Luca. 

 

 

Mais le 20 n'est pas une bonne date, pour moi (après vérification) je propose, soit le jeudi 21, soit le mercredi 27... Dîtes-moi ce que vous en pensez.

 

 

En attendant, profitez du printemps! Les cerisiers sont en fleurs et c'est la fête au Japon...

 

 

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