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Procope2009
31 janvier 2015

Pas fléchir, pas flancher, pas pleurer!

Pas pleurer de Lydie Salvayre.

Ne pleurons donc pas sur ce livre lu avec intérêt, certaines ayant surtout adhéré à la première partie qui livre la parole de la mère dans une langue idiosyncratique, assez différente de celle des "femmes du sixième étage" puisque c'est surtout le vocabulaire qui est détourné de façon amusante (et savante! Car cette autodidacte a des prétentions de beau langage nous dit sa fille), plus que la syntaxe. Elle est le support d'une sorte de chronique villageoise qui voit la rivalité fratricide de deux hommes, le frère et le mari, hommes de gauche tous deux.

D'autres, comme Danièle et moi, gênée par cette première partie, avons pris de l'intérêt à la deuxième, où le registre change avec plus d'informations historiques apportées par l'auteur sur la guerre d'Espagne, le rôle de l'église espagnole, les règlements de compte au sein du PCE qui se sépare du POUM, liquide les anarchistes, sous l'impulsion de la police politique, le NKVD. La chronique villageoise trouve son dénouement avec la fuite de la mère jetée sur les routes de l'exil avec son enfant, pour retrouver le père rescapé dans le camp d'Argelès, au sud de la France.

 

Et Bernanos?
Avec ses Grands Cimetières sous la lune dont sont cités de larges extraits, il apporte une caution à la dénonciation de l'église catholique espagnole.

Témoin de choix puisque il habite Majorque au moment du coup d'état, et qu'il assiste, horrifié, aux exécutions massives et sommaires des paysans majorquins, ces gens "modestes" coupables d'être de "mauvais pauvres".

Témoin de choix parce qu'il est un intellectuel engagé à droite et qu'il n'hésite pas à dire ce qu'il voit, dans un livre réécrit à son arrivée en France (le manuscrit s'étant perdu), publié en 38 et qui fera un bruit considérable.

Ce fut l'occasion d'évoquer la figure de Bernanos dont les romans métaphysiques ne sont plus lus (il y a toutefois les romans policiers "alimentaires" comme Un Crime, Un Mauvais Rêve, M.Ouine), mais qui ont beaucoup inspiré les cinéastes. Daisy a rappelé l'excellent Journal du Curé de Campagne de Bresson (51), ou Sous le Soleil de Satan de Pialat (87).
Bernanos, homme de droite antisémite, mais aussi résistant de la première heure, menant dans les journaux de Rio de Janeiro, des campagnes de presse pour La Résistance, collaborant aux Bulletins de la France libre, rappelé en France en 45 par le Général de Gaulle...Il mourra à l'hôpital américain de Neuilly à Paris en 48, quittant la Tunisie où il avait élu domicile après le Brésil.

Il fut question de beaucoup d'autres choses, du sort très heureux du film Tumbuktu, d'un spectacle du Théâtre de la Ville, où deux comédiens (Sami Frey et C. Deneuve) lisent Modiano...Annick nous annonce une émission de France Culture, rediffusant le spectacle, le 22 février.

À travers les effluves de citron chaud ou froid, du café et du vin, nous avons réussi à fixer une date de rencontre au 4 mars autour de Chimamanda Ngozi Adichie et son nouveau roman Americanah (récemment traduit), le roman Soumission de Houellebecq pour celles qui souhaitent l'acheter et le lire....Mais après ces longues incursions dans l'histoire récente espagnole, beaucoup ont souhaité faire une pause et découvrir un auteur contemporain des Lettres italiennes que nous connaissons moins. Mais lequel?

Il reste une proposition de Daisy à propos des Jumeaux de Bruce Chatwin, écrivain voyageur comme Cees Nooteboom, écrivain néerlandais dont je ne connais pas bien la prononciation du nom. Du côté néerlandais, il y a bien des artistes et des penseurs que nous ne connaissons pas. Et cette grande dame que l'on rapproche parfois de Yourcenar, et qui est sur la liste des nobélisables. Il s'agit de Hella Haasse dont je livre une citation :
"J'aime suggérer des choses qui sont derrière la réalité qu'on voit. Je me suis rendu compte que le récit linéaire ne correspondait pas à la réalité que nous vivons. Il y a plusieurs "couches"de réalité qui s'imbriquent et j'aime tenter, en " tatillonnant", de voir ce que cela pourrait être".

Deux titres me viennent à l'esprit, La source cachée, son livre préféré, et Les Seigneurs du thé. Mais je ne les ai pas lus.
Dites-moi ce que vous retenez dans cette moisson de titres...

Quant à la mémoire, il n'est pas question qu'elle flanche, qu'on se le dise! Elle peut fléchir (ancien français flenchir qui signifie faiblir); elle peut tomber sur le flanc et donc se détourner du combat. Mais pas question qu'elle cède! Sauf maladie, les circuits imprimés restent imprimés.
Je me suis référée au Robert historique car je me souvenais du francisque "hlenkjan"'plier, fléchir!

 

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