Rentrée 2014

Nathalie et Daisy étaient absentes ce mercredi 22 septembre où l'été nous avait lâchement abandonné, nous forçant d'entrée de jeu à prendre nos quartiers d'hiver au Beaubourg, autour de "notre" table ronde", près de notre silencieux voisin qui, ce soir-là, sortit de son silence et de l'anonymat pour s'intéresser à notre fidélité tout aussi touchante que la sienne et à Maurice Nadeau qui figurait en bonne place sur notre table.

Voilà un bon début de roman ( ou de nouvelle). Que pourriez-vous suggérer comme suite, Christiane ou Nathalie, intéressées par des ateliers d'écriture...?

Pour moi la suite ce furent, de façon très prosaïque, des dégustations comparatives de confitures de cerises exquises (promises et apportées par Marie), au cours des quelles nous furent révélées de grandes choses comme des boîtes performantes pour dénoyauter les cerises, et la subtile texture de la gelée, préservant un fruit resté ferme et translucide, avec une acidité dans le sucré tout à fait unique.

Pour rassurer les absentes, les choses sérieuses ont tout de suite commencé par des échanges autour de nos activités culturelles, films et expositions à voir, activités récentes...Nous avons pointé Winter Sleep, beau mais trop bavard pour Annick qui connaît l'œuvre de Nuri Bilge Ceylan. Danièle a parlé avec chaleur du dernier film de Woody Allen, Blue Jasmine (?). Pour ma part, j'ai beaucoup aimé le film très nourrissant, National Gallery. Christiane est allé au salon du roman américain à Vincennes, qui invitait entr'autres Richard Ford et un Mammedy dont je ne retrouve pas trace(?). Dis-nous en plus Christiane.

Pour nos lectures de vacances nous avons fait un tour de table et ce fut Annick, sans conteste, qui décrocha la palme de la meilleure lectrice par le nombre et la qualité de ses lectures, dont
- Terre de sang de Timothy Snyder qui replace le conflit actuel en Ukraine dans la trame de l'Histoire en montrant combien ces pays de l'est de l'Europe, dont l'Ukraine, ont en permanence été le théâtre de guerres incessantes.
- Kamel Daoud, avec son étonnant mais décevant, Meursault contre-enquête, valable selon Annick pour la peinture de l'Algérie contemporaine.
- le romancier cubain, Leonardo Padura dont on avait parlé en bien avec L'homme qui aimait les chiens, et qui vient d'écrire un nouveau livre, Les Hérétiques, construit autour de l'histoire d'un tableau, comme le Chardonneret de Donna Tartt. Il sera au programme de notre prochaine rencontre.
- Mendoza a également consacré un bon livre à un tableau, à dit Nathalie. Mais lequel? Ce n'est pas Une Comédie Légère, ni La Ville des Prodiges que j'ai lu...Éclairez ma lanterne!
Nous constatons avec d'autres titres fournis par Marie (Gaëlle Josse, Les heures silencieuses; Michèle Desbordes, la Robe bleue et La Demande), combien l'œuvre d'art intrigue et intéresse, aussi bien par son sens que par sa valeur.

Nathalie a parlé de sa lecture passionnante de Vie et Destin de Vassili Grossman (un monument incomparable qui selon elle, restitue avec la même neutralité, les points de vue et les argumentations des camps adverses); lecture facilitée par l'utilisation du lutrin qui donnait une assise à ce gros livre trop mou (nous parlons de l'édition!)
Elle a lu aussi avec plaisir la biographie de Magellan, écrite par S. Sweig.

Danièle est venue avec le dernier livre de Joseph Boyden, Dans le Cercle du Monde. C'est un auteur canadien anglophone qui parle du mal-être des Indiens d'Amérique du Nord, rongés par l'alcoolisme, la drogue, mis à l'écart dans des réserves ou clochardisés en ville, plus durement réprimés que les Blancs par la justice et qui restent fidèles à leurs valeurs, leurs croyances profondes. De cet auteur, j'ai lu un livre antérieur, Les Saisons de la Solitude, que j'ai bien aimé pour cette même thématique, et pour la découverte de cette identité indienne qui s'exprime même dans le monde moderne. Danièle a fait un parallèle avec un livre de Louise Erdrich (maintes fois invoquée dans nos réunions!) qui exprime également la voix indienne. Serait-ce Dans le silence du Vent? La Malédiction des Colombes? Ou La Chorale des Maîtres Bouchers?

J'allais oublier Le Cœur glacé d'Almuneda Grandes, lu par Simone, qui semble être un excellent livre sur les retombées douloureuses de la guerre civile, qui continue de miner la société espagnole. Simone parle de la violence du passé, de l'affairisme de certains qui ont su profiter du franquisme...Sur le sujet, j'ai lu un thriller qui m'avait été offert, La Tristesse du Samouraï de Victor Arból, livre très dérangeant, dont j'ai fait un compte rendu. Si cela vous intéresse, je le mets sur le blog.

Marie avait au programme La chute des Princes de Robert Goolrick. Et elle nous en parlera la prochaine fois, le 15 octobre.

Christiane a parlé en bien Du Poids des Papillons de Erri De Luca. Elle nous a donné le texte de deux nouvelles intéressantes dont l'une est de Joyce Carol Oates (The Temple) et l'autre d' Angela Carter, version détournée du Petit Chaperon rouge. Nous lui en reparlerons bientôt.

Pour notre prochain RV du 15 octobre nous mettons au programme, Les Hérétiques de Padura.

Et un roman de Pierre Bergougnou, sur la proposition de Nathalie. D'ici là, profitez du soleil!