Juin aux Tuileries
Merci Danièle pour ces belles photos. Le prochain coup je prends l'appareil pour que tu y sois, toi aussi!
Sans Nathalie (de C) retenue plus tard que prévu, nous nous sommes retrouvées au bassin des Tuileries, celui où l'Evènement se produit :
- remake de La Dolce Vita dans la séquence du bain dans la fontaine, pour un défi masculin filmé, avec traversée héroïque du bassin,
- séance de photos pour une version "japoniste" du petit chaperon rouge et grand méchant loup
- Et nous, en toile de fond, verre à la main, cake (s) - toujours aussi bons- à la bouche, sans oublier le gâteau japonais, les pastilles et les fondants au chocolat et autres tartines aux tomates séchées. Nathalie (L) inaugurait un verre à vin des plus originaux, sorte de dé à coude, déniché dans une boutique de souvenirs de la Rue de Rivoli.
Enchaînant le pinot gris d'Alsace, le Champagne excellent et le Cava surprenant (je ne connaissais pas ce champagne espagnol), nous formions nous aussi un spectacle réjouissant, attirant le regard des touristes assis autour de nous, surpris par ces coutumes festives parisiennes, que de l'autre côté des Pyrénées, on croit dévolues aux jeunes (botellón).
Déjà à l'ouest, le soleil n'en chauffait pas moins et nous avons enchaîné les petits verres en parlant tout d'abord de Maurice Nadeau et de ses mémoires intérieurs, Grâces leur soient rendues. Sa maison d'éditions est reprise, je crois, par Louis Vuitton qui veut en faire une librairie sur le Voyage. Nous connaissions son Histoire du Surréalisme et son amitié avec André Breton, mais il a découvert bien d'autres talents et avait une personnalité hors du commun, ami de tous les intellectuels français de renom dont il parle dans son livre.
Nous avons parlé films, expo, vacances à venir et bien sûr, de Romain Gary qui aurait eu 100 ans et dont nous redécouvrons l'œuvre et la vie aventureuse, qui s'arrête prématurément par un suicide en 1980.
La biographie très complète de Myriam Anissimov nous révèle son "roman familial" la naissance en Pologne dans le contexte violent des persécutions contre les Juifs en Russie et Europe centrale, la séparation des parents (et par la suite, l'invention d'un père imaginaire et prestigieux), et le départ pour la France, pour Nice, du jeune Roman Kacew (prononcez Katseff) accompagné par Mina, sa mère, à qui on refusera toujours la naturalisation pour l'accorder à son fils...La pression terrible qu'exercera cette mère pour qu'il réussisse, mais aussi pour qu'il se distingue par ses talents qu'elle juge très tôt exceptionnels...
Le lecteur de Myriam Anissimov découvre (s'il en avait besoin) l'image d'une France prestigieuse, facilitant certainement une assimilation rapide et un fort sentiment identitaire; mais parallèlement, antisémite dans ses institutions ( en raison de sa récente naturalisation, Roman Kacew est le seul - malgré ses notes - à qui on refuse le diplôme de formation d'élève-officier à l'Ecole de l'Aviation; il le saura par un de ses professeurs). On comprend qu'il cache ses origines juives et russes dans les documents officiels ou dans la correspondance officielle; elles ressortent néanmoins dans l'œuvre, comme l'ont souligné certaines d'entre nous avec des titres très clairs comme La Vie devant Soi , ou l'Angoisse du Roi Salomon...
Nathalie avait lu comme moi, Identité Européenne ( premier roman) et salue les idées avant-gardistes de l'auteur qui appelle, à travers un récit imaginaire de Résistance dans le maquis polonais (ne reposant sur aucune documentation historique) à une Europe culturelle et politique fondée sur l'humanisme.
C'est un très beau livre qui fut salué comme tel en son temps déjà. J'ai aimé pour ma part la dissonance du style qui verse assez souvent dans l'humour grinçant. Dans ce livre dramatique et pathétique (sur le fond) il y a des passages qui font rire.
Nous avions lu ou relu des titres plus connus, comme La Promesse de l'Aube, où l'écrivain magnifie le personnage de la mère, et met en scène la relation mère-fils, la rendant encore plus dramatique que dans la réalité. Daisy avait lu (ou relu) les Racines du Ciel, livre qu'elle a moyennement apprécié. Peu convaincantes les idées écologistes de l'auteur?
Cette lecture de Roman Gary nous a donné envie d'aller plus loin et d'emporter quelques uns de ses titres dans notre sac de vacances cet été. C'est vraiment un écrivain marquant du XXème siècle. Le seul à avoir eu deux prix Goncourt sous des noms différents, Racines du Ciel et La Vie devant soi.
Nous avons mentionné également d'autres auteurs intéressants pour les vacances, Bruce Chatwin, un auteur britannique, et son voyage en Patagonie
Chambaz et ses récits de voyage en vélo
Chantal Thomas et son Échange des Princesses...
Mais nous pouvons aussi continuer avec Romain Gary....
Nous avons décidé de nous revoir fin septembre avec nos découvertes de l'été.
Bonnes vacances à toutes,
Hélène